Silvestro Micera, Professeur de la Chaire Bertarelli de neuro-ingénierie translationnelle à l'EPFL ainsi qu’ à l'École des Hautes Études de Sant'Anna, a été l'un des principaux intervenants de la conférence "La main bionique : de l'intuition scientifique aux résultats des dix premières années d'expérience sur les amputés en Italie" qui a eu lieu ce matin à Rome à l'Accademia Nazionale Dei Lincei, la plus ancienne école au monde.  La conférence s'est concentrée sur les aspects scientifiques, technologiques et translationnels de la recherche sur les prothèses robotiques de la main avec interfaces directes avec le système nerveux périphérique, qui permettent la récupération des sensations proprioceptives et tactiles. Ces sensations sont une condition fonctionnelle essentielle pour le réapprentissage du contrôle sensorimoteur des habiletés manuelles.

Les dix dernières années de fertilité scientifique et de translation humaine se sont inscrites dans un vaste scénario, depuis les origines des idées de recherche exploratoire sur la bio-robotique et la bionique, la création des premiers capteurs tactiles et des premiers prototypes de doigts et de mains robotisés, jusqu'à l'application aux amputés de prothèses à interfaces bidirectionnelles orientées vers le système nerveux périphérique, en passant par la présentation des scénarios futurs possibles et des nouveaux défis technologiques pour le développement des solutions permanentes, pleinement intégrées chez le sujet.

La conférence est basée sur les résultats publiés le 20 février 2019 dans la revue Science Robotics et sont le résultat de dix années de recherche scientifique coordonnée par Silvestro Micera et Paolo Maria Rossini, Directeur des neurosciences à la Polyclinique universitaire A. Gemelli à Rome.

Les scientifiques ont réussi à produire la première main bionique qui permet aux amputés de retrouver un sens du toucher très subtil et proche du naturel. Les chercheurs ont reproduit le sentiment de proprioception, qui est la capacité de notre cerveau à sentir la position et le mouvement de notre corps pendant et après le mouvement, même dans le noir ou avec les yeux fermés. En stimulant les nerfs du moignon de l'amputé, la main bionique fournit en effet un feedback sensoriel aux patients en temps réel comme si c'était une main naturelle.

La traduction de la recherche dans le domaine de la bio-robotique et de la bionique vient de l'intuition de mettre dans la même équipe des bio-ingénieurs, des neurophysiologistes, des chirurgiens, des physiatres, des neuropsychologues, des philosophes des sciences, des bio-éthiciens et d’autres compétences diverses afin d'intégrer de façon synergique les connaissances de base et les technologies avancées, avec une convergence et une fusion claires entre les différentes disciplines. 

La contribution de centres de recherche européens prestigieux tels que les Universités de Cagliari, Montpellier et Fribourg (Allemagne) et les financements de la Commission européenne, de la Fondation Bertarelli et du Pôle de recherche nationaux (PRN Robotique) ainsi que de la recherche ciblée du ministère de la Santé ont été fondamentales.

Photo: © Luca Rossini

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